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L’Afrique aura désormais ses capitales de la culture

capitales de la culture

Lancement décentralisé ce soir à Paris d’une large entreprise de reprise en main de l’art africain par son continent. Marrakech sera la première.

C’est parce qu’il avait découvert les statues monumentales de jute et de paille du Sénégalais Ousmane Sow, un jour de 1999 entre l’Académie française et le Louvre, sur le Pont des arts, et parce qu’il avait été conquis dans une salle de concert parisienne par la voix du Sénégalais Youssouf N’Dour, que le peintre, sculpteur et écrivain marocain Mahi Binebine accepte aujourd’hui de se mobiliser en devenant président d’honneur de Marrakech, capitale africaine de la culture 2020.

Ces artistes, et quelques autres, c’est en Afrique, qu’il aurait aimé les découvrir… Que les talents du continent aient besoin de l’Europe pour se lancer a profondément interrogé l’auteur de Rue du pardon (éd. Stock, sélection du prix Renaudot 2019) qui, comme il le répète volontiers, a envie de pouvoir rencontrer les plus talentueux de ses voisins, « chez lui ». Pas à des milliers de kilomètres au nord.

Cette prise de conscience de l’écrivain, d’autres l’ont faite aussi. L’idée a été une première fois discutée il y a quatorze ans dans les débats du 4e Sommet Africité, à Nairobi, au Kenya. Les collectivités territoriales du continent, réunies dans le cadre des Cités et gouvernements locaux unis (CGLU), ont pris conscience ensemble qu’« il manquait le maillon culturel dans les stratégies de développement du continent » et « que les collectivités territoriales étaient le bon échelon pour mettre en avant cette approche », rappelle Jean-Pierre Elong Mbassi, un urbaniste camerounais, secrétaire général de la CGLU Afrique.

« Ambassadrice des cultures du continent »

C’est dans ce cadre que germe donc l’idée de mettre en place des capitales africaines de la culture, tournantes. Après une lente infusion, le projet se concrétise cette année, avec le lancement de Marrakech, capitale africaine de la culture 2020. Devrait suivre Kigali, déjà sur les rangs. A moins que la rwandaise ne soit doublée par la sénégalaise, Dakar, elle aussi intéressée pour reprendre le flambeau en 2023.

« Tous les trois ans, une ville est choisie pour devenir l’ambassadrice des cultures du continent. Elle est prévenue bien en amont pour développer une large programmation, la faire vivre et la diffuser dans d’autres villes et pays », ajoute M. Elong Mbassi, qui a pris la direction des capitales culturelles africaines.

L’Afrique restait le seul continent à ne pas se choisir de capitales culturelles. La formule est née en 1985 sur le Vieux Continent, mise en place conjointement par les ministres de la culture grec et français de l’époque (Melina Mercouri et Jack Lang), afin de rapprocher les Européens en mettant en avant la richesse et la diversité de leurs cultures. A ce jour, pour la seule Europe, plus de cinquante villes ont obtenu ce titre, ce qui leur a permis de renforcer leur image et de gagner au passage un profil international.

L’Afrique a à la fois choisi de se mettre dans les pas du Vieux Continent et de s’en différencier. « En Europe, les capitales culturelles mettent souvent l’accent sur la construction d’un musée, comme on l’a vu à Marseille avec le Mucem ou à Bilbao. En Afrique, l’esprit sera différent et nous nous concentrerons sur la mise en valeur du patrimoine immatériel », prévient M. Elong Mbassi. A ses yeux, « les modèles de développement européens ont montré leurs limites et l’Afrique doit inventer ses propres solutions, en adéquation avec ses réalités plutôt que continuer à tenter d’imiter vainement l’Occident. Notre continent doit inventer un nouveau rapport avec la nature et une nouvelle humanité fondée sur plus de solidarité », observe-t-il encore, fort de l’idée que l’art aidera à trouver les réponses à ces défis.

« Une hybridation entre modernité et tradition »

Le financement de l’opération repose sur plusieurs piliers. D’abord, le comité d’organisation des capitales africaines de la culture avec le soutien de partenaires institutionnels internationaux, mais aussi des mécènes, l’idée étant que public et privé additionnent leurs forces, et que les villes participent également à ce financement. Pour le meilleur parfois, puisque les industries culturelles sont aussi pourvoyeuses de fonds.

Mahi Binebine n’a pas oublié comment « une ville sinistrée comme Bilbao a pu renaître de ses cendres grâce à un musée » et comment plus largement, « en Occident d’un point de vue strictement économique, l’industrie culturelle rapporte davantage que celle de l’automobile ». Cette opération qui prône une réappropriation par le continent de ses richesses, qui parie sur « une hybridation entre modernité et tradition », comme le rappelle M. Elong Mbassi, se veut aussi pourvoyeuses d’emplois et de devises.

Si le tempo est bien évidemment donné sur le terrain africain, une opération de lancement se déroule – de manière délocalisée – ce jeudi à Paris, pour que les diasporas puissent aussi bénéficier par ricochet de l’événement. La Maison Dentsu propose une exposition de six photographies inédites de la Marocaine Leila Alaoui. « Nous nous sentons en harmonie avec l’esprit des capitales africaines de la culture parce qu’ils veulent faire émerger les talents africains de demain et que c’est aussi ce que notre entreprise Dentsu fait, de façon différente », rappelle Thierry Jadot, le directeur pour la France et le Moyen Orient de l’agence Dentsu Aegis Network.

A l’heure où le jeune continent lance ses capitales africaines de la culture, le public français se prépare à assister entre juin et décembre à la saison Africa 2020, pensée pour casser les clichés sur l’Afrique en dévoilant un peu de ses richesses culturelles partout en France. 2020 sera donc une année des cultures africaines.

 

 

lemonde.fr

Written by Abdourahmane

Je suis Diplômé en Aménagement et Gestion Urbaine en Afrique, Spécialiste en économie urbaine en même tant Reporter et Éditeur au Journal Universitaire. Je suis également un passionné des TIC.

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