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Chômage des jeunes : la galère du premier emploi

Taux de chômage/ANPEJ

Le chômage des jeunes demeure insoluble et mine quotidiennement cette jeunesse sénégalaise, bloque son épanouissement et compromet très gravement son avenir. Ainsi, le journal universitaire partage avec vous cet article de rewmi qui montre les difficultés des jeunes diplômés à s’insérer dans le monde de l’emploi.

Les études finies, ce n’est pas la récré, mais le casse-tête de la recherche d’emploi qui attend étudiants et diplômés en quête de première expérience. Intégrer la vie professionnelle reste souvent un véritable parcours du combattant. Ils ont tout fait pour accéder dans de bonnes conditions au marché du travail. Mais même diplômés à un niveau élevé, les jeunes ont bien du mal à trouver un premier emploi à leur mesure. De jeunes diplômés racontent la recherche (bien galère) du premier emploi.

 Diplômé en quête de première expérience

Au Sénégal, 62,5% de la population a entre 15 et 35 ans. Selon les statistiques de l’ANEJ, chaque année, 200 mille nouveaux demandeurs d’emploi arrivent sur le marché du travail. Parmi eux, 31% sont diplômés de l’enseignement supérieur et 46% n’ont aucune formation ou qualification.  D’où la difficulté de trouver le premier Job.

« La vie de jeune diplômé, c’est la galère. C’est une période très difficile et la recherche du premier emploi est très angoissante.» C’est le constat établi par Nafissatou, 24 ans, étudiante en Masters à la Faculté des Sciences économiques et de gestion (Faseg) à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) : « Avant, je cherchais dans les Finances. J’ai directement commencé à déposer des CV et lettres de motivations. Pour l’instant, toutes les réponses sont négatives, notamment à cause de mon « manque d’expérience ». Mais le plus souvent, je n’ai même pas de réponse. Pourtant, je me suis mise à chercher partout, sans plus de réussite. L’on me dit qu’il me fallait de l’expérience et qu’on ne pouvait donc rien faire pour moi. Génial. J’ai donc fait marcher le bouche à oreille et, malheureusement, le piston, c’est encore ce qui marche de mieux à l’heure actuelle. Je viens d’être prise comme vendeuse dans un magasin de sport pour deux mois. Mais au-delà, le futur est incertain. Je pense vraiment qu’il faut privilégier l’apprentissage et non plus les études classiques. Au moins on acquiert de l’expérience, chose qui manque cruellement lors d’un cursus scolaire « normal ».

Le manque d’expérience des jeunes Sénégalais semble être le reproche le plus répandu. L’entreprise voit souvent l’embauche d’un jeune comme un frein au bon fonctionnement d’une équipe. Le former coûte cher et atteint à la rentabilité de l’entreprise à court terme. C’est pourquoi, dans la plupart des annonces, l’employeur demande aux candidats de disposer au préalable d’un à trois ans d’expérience. Là est toute la difficulté pour le jeune diplômé qui court après cette première expérience qui lui fait cruellement défaut. La notion d’apprentissage reste trop cantonnée aux métiers manuels alors qu’elle devrait concerner une large palette de métiers. Diplômée d’un bac + 4 en information et communication, Germaine recherche un emploi depuis 3 ans en tant qu’assistante communication interne et externe. Sans succès. ‘’J’ai donc cherché un job pour me nourrir, employée polyvalente dans un fast-food, vendeuse, mais je n’ai reçu que des refus car je ne correspondais pas aux profils.’’

Diplômée d’un bac + 5 en management public, Fatoumata, étudiante dans une  école privée, cherche un emploi depuis août dernier, mais rien. ‘’Aucune annonce n’est ouverte aux débutants pour des postes de cadre. Le plus souvent, une expérience de 2 ans minimum est requise. Les jeunes sont pris pour des incapables avec leurs bac + 5. Nos parents financent nos études, on nous pousse à étudier plus longtemps à passer plus de diplômes pour au final se retrouver inférieurs aux personnes qui ont stoppé leurs études il y a bien longtemps et qui sont, elles, déjà sur le marché du travail depuis plusieurs années.’’

Marème, 29 ans, alterne les périodes de chômage et les petits boulots… qui n’ont rien à voir avec sa formation. « En 2009, j’ai été diplômée d’un Master 2 en Management et Gestion des Entreprises. Après mon stage de fin d’études, j’ai emménagé en milieu rural pour des raisons personnelles. J’ai pu décrocher seulement trois entretiens dans le tertiaire et le tourisme à des postes de niveau inférieur à mon diplôme, qui n’ont débouché sur rien. Fin 2015, je me suis donc décidée à reprendre un petit magasin à Dakar qui allait fermer. J’ai donc tenu une épicerie pendant deux années prospères. Début 2016, l’aventure s’est arrêtée et me suis donc retrouvée à pointer au chômage.

L’obligatoire concertation universités-entreprises

Le Sénégal a misé sur les stages en entreprise, mais il reste à les imposer au sein de l’université. Les grandes écoles ont depuis bien longtemps compris tout l’intérêt de disposer d’une première expérience chez les jeunes et ont rendu obligatoire les stages en entreprise dans leur cursus de formation. L’université sénégalaise s’est peut-être depuis trop longtemps consacrée à rendre ses élèves instruits, sans leur donner le sens pratique et sans se soucier, in fine, de l’utilité des futurs diplômés dans le monde du travail. Nombreux sont les étudiants que nous avons accrochés, qui réclament une plus grande concertation entre les universités et les entreprises. Au niveau de l’enseignement universitaire, on peine à créer ces passerelles qui sont pourtant un atout majeur pour aider les étudiants diplômés à décrocher leur premier job, ont-ils constaté. Pour eux, l’insertion professionnelle doit devenir un critère de performance pour les universités. Reste à voir si dans un contexte de crise, comme celui que nous connaissons actuellement, les universités disposeront d’arguments assez forts pour placer leur cohorte d’étudiants en mal d’expérience.

 La tyrannie du diplôme

Par ailleurs, l’inadéquation entre les besoins des entreprises et les formations proposées par les universités, pénalise l’entrée des jeunes sur le marché de l’emploi, a constaté Oumar, étudiant en Lettres Modernes. ‘’A l’inverse des pays anglo-saxons, le diplôme colle à la peau durant toute la vie professionnelle au Sénégal où l’on aime l’excellence. En outre, les entreprises veulent un niveau de formation qui corresponde stricto sensu au poste proposé. Les Anglo-saxons valorisent les «têtes bien faites», les Français ont besoin d’un label en phase avec des compétences techniques.’’ Pour lui, la réforme de l’enseignement supérieur ne fera pas tout, les entreprises doivent aussi évoluer.

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Written by Binette Ndiaye

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