in

Les entreprises s’arrachent les profils «tech» à la sortie d’écoles d’ingénieurs

Les firmes de tous les secteurs se disputent ces spécialistes, souvent diplômés des écoles d’ingénieurs, pour faire face aux défis du numérique.

Où sont les data scientists, experts en intelligence artificielle et autres spécialistes en cybersécurité? «En France, nous manquons de profils tech. L’équation est difficile, entre la croissance de nos entreprises, les pénuries de candidats et la guerre des talents», alerte Agathe Bousquet, présidente de Publicis France. Une tension qui, selon elle, s’est accrue après le Covid.

Alors candidat à sa réélection, le président Emmanuel Macron avait insisté sur le besoin «de former des jeunes qui iront dans les métiers du codage et du numérique». Un sondage OpinionWay pour l’École 42 pointait, en mars dernier, les raisons de ce déficit des vocations dans cette filière cruciale. L’une des principales était l’autocensure. Beaucoup pensent que ces métiers ne sont pas pour eux, surtout les filles.

Des métiers qui ne sont pas réservés aux cracks en maths

Pourtant, la «tech» est plus accessible qu’on ne pense et pas uniquement réservés aux cracks en maths. «Il faut quelqu’un qui a de l’expertise, bien sûr, mais surtout des soft skills, c’est-à-dire des compétences humaines, explique Michael Kienle, vice-président en charge du recrutement chez L’Oréal. Les métiers de la tech demandent une capacité à travailler en équipe. Mais aussi un sens de la communication et de l’entrepreneuriat.» Le numéro un mondial des cosmétiques a accéléré sa transformation numérique en 2018 avec les métiers de la «beauty tech». «Nous avons besoin de compétences dans l’analyse de données, l’intelligence artificielle et les nanotechnologies», poursuit Michael Kienle. En 2022, le groupe a augmenté les embauches des profils tech de 44 % par rapport à 2021.

» LIRE AUSSI – Découvrez le classement des écoles d’ingénieurs post-prépa

«Dans tous les cas, il faut une personne passionnée», ajoute Aurélien Hérault, directeur de l’innovation chez Deezer. Les équipes tech représentent environ un tiers des employés de la plateforme d’écoute musicale française. Chez Publicis, où plus de 250 ingénieurs tech sont répartis dans trois agences (Sapient, Razorfish et Epsilon), les recrues doivent «concilier l’expertise technologique avec la créativité, le design et un aspect business», détaille Agathe Bousquet. De vrais couteaux suisses, donc.

Pour Nicolas Maurer, président et fondateur du club d’e-sport Team Vitality, quelques métiers clés sont recherchés: «Les profils majeurs sont les consummer data, pour comprendre nos fans. L’autre métier est celui de data analyst pour étudier de manière objective les performances de nos athlètes. Enfin, nous cherchons aussi des profils en gamification et en marketing digital.» «Les besoins seront de même très forts ces prochaines années en développeurs, ingénieurs data et directeurs techniques», ajoute Agathe Bousquet.

Un manque de mixité homme-femme persistant

Ces têtes bien faites ne sont pas toutes diplômées des meilleures écoles d’ingénieurs. «Nous ne sommes pas foncièrement attachés à l’étiquette», assure Nicolas Maurer.  «Nous essayons de trouver un équilibre entre les ingénieurs expérimentés, qui viennent de start-up ou de grands groupes, et les jeunes diplômés», détaille Michael Kienle, précisant que ces derniers ont souvent réalisé des stages ou des alternances au sein du groupe. Certaines écoles sortent toutefois du lot: CentraleSupélec, les Arts et Métiers, Ponts ParisTech ou l’École des Mines. Mais Deezer recrute aussi beaucoup à l’École 42 et aux Gobelins, pour le design numérique.

» LIRE AUSSI – Amel Kefif (Elles bougent): «Il y a trop de stéréotypes dans les écoles d’ingénieurs»

Les diplômés d’écoles de commerce sont aussi appréciés, notamment aux postes managériaux. Quant à la parité, les filles représentent moins de 30 % des étudiants ingénieurs, du chemin reste à faire. L’enquête de l’École 42 dénonçait le cliché selon lequel les métiers de la tech sont «essentiellement» pour les hommes. Aurélien Hérault note: «Il y a sûrement plus de filles qu’avant, mais toujours pas assez dans certains métiers, comme gestionnaire de serveur ou data scientist. En revanche, en recherche et développement nous sommes quasiment à 50/50.» Un constat partagé par tous. «Nous souffrons de ce manque de mixité», conclut Nicolas Maurer, de la Team Vitality…

La rédaction vous conseille

etudiant.lefigaro.fr

Partenariat : 4ème édition du festival des Fab Lab universitaires – Université Chouaïb Doukkali – El Jadida (Maroc) 15-16 décembre 2022

160 projets de création d’entreprises sélectionnés pour un programme d’incubation en Haïti