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Hausse des frais d’inscription en France : les étudiants sénégalais réagissent

former les étudiants africains/frais d'inscription en France
REPORTAGE. Autant pour les étudiants que pour les professeurs, au-delà de l’obstacle financier, il y a un sentiment diffus d’inéquité qui ne plaît pas du tout.

La décision des autorités françaises d’augmenter les frais d’inscription pour les étudiants extra-européens est encore dans les esprits alors que les étudiants de l’Hexagone s’apprêtent à tester pour la deuxième année consécutive le système dit Parcoursup, application web destinée à recueillir et gérer les vœux d’affectation des futurs étudiants de l’enseignement supérieur public français et mis en place par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation en 2018.

« Restez chez vous ! »

La lecture de la décision du gouvernement français est unanime parmi les étudiants rencontrés à la faculté de lettres et de sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Entendre parler de cela fait tiquer les étudiants comme les professeurs, décontenancés. « C’est clair, la France nous demande de rester ici », se désole Ndeye Gnilane Faye, étudiante en Master 2 de littérature moderne, suite à l’annonce du Premier Ministre Édouard Philippe lors des Rencontres universitaires de la Francophonie, le 19 novembre dernier. Dès la rentrée 2019, pour elle comme pour ses camarades du continent, les frais de scolarité devraient augmenter de 170 à 2 770 euros en licence, et atteindre 3 770 euros en master et en doctorat, plutôt que respectivement 243 euros et 380 euros aujourd’hui. Des coûts astronomiques pour la plupart des étudiants sénégalais qui paient dans leur pays 25 000 francs CFA (soient 37 euros) l’année en licence, et entre 50 000 (75 euros) et 75 000 francs CFA (112 euros) en master.

De fortes contraintes sur place

« Beaucoup d’étudiants comme nous rêvent d’aller en France pour être performants et faire grandir notre pays, témoigne Seyni Camara, étudiant en master 2 de lettres. On aimerait rester ici, mais les limites de l’université nous poussent à espérer partir. »

Les mêmes problèmes sont évoqués par tous les étudiants. Le déficit de « documentations » en premier lieu. Devant la bibliothèque principale, Abdoulaye Mané peine à trouver de quoi écrire son mémoire en histoire des relations internationales et stratégiques. « Les livres sont soient anciens, soient inexistants », regrette-t-il, rêvant de grandes bibliothèques bien achalandées. Omar, son meilleur ami, voudrait juste y trouver un enseignant qui l’encadre dans ses travaux. « Je dois soutenir un mémoire à la fin de l’année et je n’ai toujours pas pu rencontrer mon professeur encadrant. » Et pour cause, ils sont quinze élèves à se le disputer.

Penché sur un bureau d’une petite pièce « de documentations », Seyni Camara passe d’un livre à son imposant cahier où il a fait couler beaucoup d’encre. Ce livre, c’est L’Abyssin, de Jean-Christophe Rufin. « Je rédige mon mémoire sur cet ouvrage et j’ai plein de questions à son propos. Ici, je ne trouve pas de réponses, raconte le jeune homme. Je veux aller en France pour pouvoir rencontrer cet auteur. »

Au regard d’insuffisances sur place, les étudiants sont appelés à aller étudier à l’extérieur. © ML

 

Des bourses insuffisantes

L’envie est là, mais le récit de copains de promotion partis en septembre et travaillant à la plonge ou de nuit pour gagner des salaires de misère fait peur. Le camarade de Seyni n’a pas réussi à obtenir une bourse et, sans argent, difficile d’être studieux. Certains y parviennent, mais « avec une bourse du Sénégal, c’est juste pour vivre en France », explique le Pr Diakhaté, spécialiste de littérature dramatique, très préoccupé par la mesure annoncée par le gouvernement français. « En plus du coût de l’université, il faut compter le coût de la vie quotidienne, le logement… C’est mathématique, si le budget pour les bourses n’augmente pas pour pallier la hausse des frais d’inscription, les étudiants ne pourront plus aller étudier en France. » Abdoulaye Mané avait commencé les démarches administratives pour intégrer une université française, mais depuis l’annonce, il est branché sur sa radio, chaque matin, en espérant entendre le gouvernement français changer d’avis.

Prendre différemment les choses

Plus optimistes, certains considèrent le message envoyé par la France comme plus ambigu qu’il n’y paraît. Ne serait-ce pas un appel à créer la réussite dans son propre pays ? « Nous avons une université, elle a créé son élite, nous pouvons y arriver », tempère Jean-Alfred Diatta devant ses amis plus véhéments. Pour lui, l’Afrique a toutes les conditions réunies pour « réussir ». Un avis partagé par Djibril Bah qui, à 21 ans, a rejoint l’université de Dakar depuis le Mali. Pour lui, il est hors de question de se battre plus qu’il ne le fait déjà pour vivre. Cette université, il en rêvait, il veut y rester jusqu’à sa thèse. « Finalement, la France nous encourage à comprendre que la connaissance n’a pas de frontière, du moment qu’on a accès à Internet », déclare-t-il, philosophe. Même s’il n’exclut pas d’aller en France un jour, quand il aura les moyens, « juste pour des sessions de perfectionnement ».

Une réalité paraît se dessiner à la suite de cette décision française. « Beaucoup d’étudiants vont tourner le dos à la France et s’intéresser à d’autres pays », indique Abdoulaye Mané. « J’appelle le ministre à revoir sa copie ! », conclut-il avec enthousiasme.

lepoint.fr

Written by Fama

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