RAPPORT. Selon le Pnud, les Seychelles et Maurice font la course en tête. Quant à l’Afrique du Sud et au Nigeria, ils doivent relever le défi des inégalités.
Depuis quelques années, les pays africains sont de plus en plus nombreux à être en bonne position dans les classements économiques. Grâce à des chiffres de croissance toujours en hausse, nombre d’entre eux – à l’image de la Côte d’Ivoire ou de l’Éthiopie, par exemple – incarnent désormais ce qu’on appelle les « Lions d’Afrique ». Si côté chiffres, ces pays tirent aujourd’hui leur épingle du jeu, qu’en est-il de leur population ? Profite-t-elle des retombées de ce dynamisme économique tant vanté ? Le rapport 2019 sur le développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) nous livre quelques réponses. Son classement des pays du monde, calculé selon l’Indice de développement humain (IDH), prend en compte plusieurs critères, dont le niveau de revenus, l’accès aux soins de santé, le niveau d’éducation et le respect des droits de l’homme.
Premier enseignent de cette étude, intitulée « Au-delà̀ des revenus, des moyennes et du temps présent : les inégalités de développement humain au XXIe siècle », la disparition effective de certains maux autrefois endémiques au continent, comme la mortalité infantile ou la faim. « L’Afrique a vraiment de quoi être fière des progrès sans précédent enregistrés au cours des vingt dernières années, surtout au niveau des fondamentaux », se félicite ainsi Ahunna Eziakonwa, administratrice assistante du Pnud et directrice régionale pour l’Afrique. D’après son IDH, la zone connaît en effet l’une des améliorations les plus significatives en matière de développement humain. Entre 1990 et 2018, l’espérance de vie y a d’ailleurs augmenté de plus de 11 ans.
Les bons élèves africains, les Seychelles et l’île Maurice
Champions du classement, dans lequel huit pays africains se classent désormais dans la catégorie des IDH « élevés », les Seychelles. Au 62e rang mondial, l’île de l’océan Indien est le seul état du continent classé dans la catégorie de « développement humain très élevé ». Les progrès en la matière dans ce petit archipel de l’océan Indien sont nombreux : hausse de 12,6 % de l’IDH en 18 ans, augmentation de l’espérance de vie et de la durée moyenne de scolarisation… Les Seychelles, où le revenu national brut (RNB) par habitant a progressé d’environ 82.9 % entre 1990 et 2018, amassent les bons points et confirment sa place de leader africain. Le pays est suivi, à la 66e place, par Maurice. Là aussi, l’IDH a progressé, de près de 30 % en 18 ans, tout comme l’espérance de vie, qui a gagné cinq points. On vit désormais à Maurice jusqu’à 74,9 ans en moyenne, contre 61,2 ans en Afrique subsaharienne.
Les bons élèves africains, les Seychelles et l’île Maurice
Champions du classement, dans lequel huit pays africains se classent désormais dans la catégorie des IDH « élevés », les Seychelles. Au 62e rang mondial, l’île de l’océan Indien est le seul état du continent classé dans la catégorie de « développement humain très élevé ». Les progrès en la matière dans ce petit archipel de l’océan Indien sont nombreux : hausse de 12,6 % de l’IDH en 18 ans, augmentation de l’espérance de vie et de la durée moyenne de scolarisation… Les Seychelles, où le revenu national brut (RNB) par habitant a progressé d’environ 82.9 % entre 1990 et 2018, amassent les bons points et confirment sa place de leader africain. Le pays est suivi, à la 66e place, par Maurice. Là aussi, l’IDH a progressé, de près de 30 % en 18 ans, tout comme l’espérance de vie, qui a gagné cinq points. On vit désormais à Maurice jusqu’à 74,9 ans en moyenne, contre 61,2 ans en Afrique subsaharienne.
Le RNB, lui, y a bondi. Entre 1990 et 2018, il a augmenté de 202,9 %, à 22,724 dollars. Aux deux premières places du classement africain, les Seychelles et Maurice conservent donc un leadership conquis également dans les classements économiques. Le Maghreb fait son entrée à la troisième place du podium, avec l’Algérie. Le pays, en proie à une contestation populaire depuis neuf mois, s’offre la 82e place du classement à égalité avec la Macédoine du Nord et le Pérou. L’espérance de vie y est plus haute qu’aux Seychelles et Maurice, à 76,7 ans. Et là aussi, l’IDH a augmenté de 31,2 %, tout comme le RNB par habitant d’environ 36,5 % depuis 1990. Il est aujourd’hui de 13,639 dollars. À noter aussi, la forte progression du Botswana – la meilleure du continent – qui, en cinq ans, gagne 11 places dans le classement et rejoint en 2019 la 5e place du classement africain, la 94e place mondiale.
De la pauvreté dans les pays riches
Pourtant, selon le rapport, le pays se trouve dans la région la plus inégalitaire du continent, l’Afrique australe. L’Afrique du Sud, longtemps considérée comme la locomotive économique du continent, est en effet confrontée à la plus forte inégalité de revenus au monde. Dans ce pays voisin du Botswana, plus de la moitié des revenus du pays sont détenus par les 10 % les plus riches. Autre économie d’Afrique gangrenée par les inégalités : le Nigeria. Première puissance économique d’Afrique, le pays stagne à la 25e place du classement IDH africain, et au 158e rang mondial. Rangés dans la catégorie des pays à « faible » développement humain, les fruits de l’activité économique – en grande partie régie par les hydrocarbures – ne semblent pas profiter à sa population. Pire, près de 100 millions de Nigérians vivraient aujourd’hui avec moins de 2 dollars par jour, soit plus de la moitié de la population, d’après un rapport de l’organisation financière nigériane « Enhancing Financial Innovation and Access », présenté début décembre lors d’une conférence. En laissant cette situation perdurer, le Nigeria entre dans un cercle vicieux dont il sera difficile de sortir. Car d’après l’étude, les personnes concernées « consacrent logiquement le peu de revenus dont elles disposent aux frais de subsistance (par exemple, nourriture, loyer, combustible de cuisine et vêtements) de l’éducation de leurs enfants, et occasionnellement, à des événements familiaux et communautaires (naissances, mariages et funérailles) ». Ce qui les exclut, de fait, des circuits financiers induits par les crédits et les investissements, des produits facteurs de richesses pour un pays.
« Un choix politique »
Un partage plus large des revenus croissants et l’élimination des inégalités fondée sur l’appartenance à certains groupes – homme/femme ou communautaire – font partie des mesures préconisées par le Pnud. Et que le Nigeria devra mettre en place s’il ne veut pas rester englué dans cette situation. Car à l’avenir, d’autres types d’inégalités pourraient bien frapper le pays, et s’ajouter à celles déjà établies. « Les règles du jeu sont en train de changer […] De nouvelles inégalités sont apparues », prévient le rapport. Si, aujourd’hui, dans la plupart des pays, un apprentissage à l’école primaire est devenu la norme, il est encore difficile d’accéder à l’enseignement supérieur par exemple. L’accès au numérique ou les injustices liées aux inégalités de genre sont aussi à appréhender. Elles sont d’autant plus difficiles à éradiquer que bien souvent, ces dernières « s’accumulent tout au long de la vie, à cause de facteurs profondément ancrés dans les sociétés », déplore le Pnud.
« De telles inégalités de développement humain causent du tort aux sociétés, affaiblissent la cohésion sociale et ébranlent la confiance des citoyens envers les pouvoirs publics, envers les institutions et envers les uns et les autres. La plupart d’entre elles nuisent également aux économies, empêchant les individus de réaliser leur plein potentiel au travail et dans la vie », explique-t-il. La solution ? Pour ses analystes, « il n’y a pas de remède miracle », mais de nombreuses mesures permettent d’atténuer les inégalités existantes. Leur réduction est « un choix sociétal et politique », affirment-ils. Encore faut-il que les dirigeants en aient la volonté.
« Un choix politique »
Un partage plus large des revenus croissants et l’élimination des inégalités fondée sur l’appartenance à certains groupes – homme/femme ou communautaire – font partie des mesures préconisées par le Pnud. Et que le Nigeria devra mettre en place s’il ne veut pas rester englué dans cette situation. Car à l’avenir, d’autres types d’inégalités pourraient bien frapper le pays, et s’ajouter à celles déjà établies. « Les règles du jeu sont en train de changer […] De nouvelles inégalités sont apparues », prévient le rapport. Si, aujourd’hui, dans la plupart des pays, un apprentissage à l’école primaire est devenu la norme, il est encore difficile d’accéder à l’enseignement supérieur par exemple. L’accès au numérique ou les injustices liées aux inégalités de genre sont aussi à appréhender. Elles sont d’autant plus difficiles à éradiquer que bien souvent, ces dernières « s’accumulent tout au long de la vie, à cause de facteurs profondément ancrés dans les sociétés », déplore le Pnud.
lepoint.fr