“C’est triste mais le fait que cela se passe à Dakar permettra peut-être que les autorités avancent enfin sur le sujet de l’émigration, croise-t-il les doigts dans un entretien accordé à Jeune Afrique. (…) Il y a beaucoup de manquements au Sénégal, en particulier sur la politique migratoire. (…) Si nos jeunes continuent à mourir en Libye, dans le désert ou en Méditerranée, c’est aussi parce qu’il n’y a pas de politique africaine intègre.”
Envies d’ailleurs…
Le phénomène de l’immigration clandestine a de beaux jours devant lui en Afrique. Même si les vagues de départs ont baissé d’intensité. “Aujourd’hui, signale Mamadou Dia, les côtes sont très surveillées, ce qui rend le trajet beaucoup plus difficile. En 2006, il y avait chaque jour trois ou quatre pirogues qui partaient pour les Canaries. Aujourd’hui, il n’y en a même pas une par semaine, et encore. Les gardes-côtes espagnols descendent souvent vers le Sénégal. Nous avons par exemple des photos de bateaux de la Garde Civile espagnole près de l’île de Gorée, devant le port de Dakar.”
Malgré tout, les envies d’ailleurs des jeunes Africains restent incompressibles. “Le désir de voyage de notre jeunesse vers l’Europe est intact, avertit le responsable de Hahatay. Ils peuvent fermer la mer et mettre tous les moyens de surveillance qu’ils veulent, nos jeunes seront toujours à la recherche de nouveaux chemins de migration. Malheureusement, ces trajets sont de plus en plus difficiles et dangereux.”
Pour l’auteur de 3052, la solution, “le seul moyen de les convaincre de rester est de leur offrir une vie digne dans leurs pays. Et cela demande une politique engagée. Nos jeunes sont motivés. Ils sont actifs et veulent travailler. Il faut que nos autorités les accompagnent et les soutiennent, en leur proposant des projets concrets. Si elles ne le font pas, cette jeunesse, qui est la force de l’Afrique, continuera à la fuir pour mettre ses capacités et sa créativité au service de l’Europe”.