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Pourquoi l’Estonie, reine européenne du numérique, se fait de nouveaux amis en Afrique

reine européenne du numérique

Championne d’Europe de la transformation numérique, l’Estonie exporte son expertise dans plusieurs pays africains. Une campagne menée dans l’espoir de soutiens diplomatiques pour siéger en 2020 à l’ONU en tant que membre non permanent.

« En Estonie, on peut tout faire en ligne depuis sa maison, sauf se marier », plaisante Katrin Nyman-Metcalf, directrice de recherche à l’e-government academy (EGA) de l’Estonie, un think tank spécialisé dans la transformation numérique. « Malheureusement pour se marier, il faut encore se rendre dans le bureau du maire », poursuit-elle.

Il n’est pas rare d’entendre cette saillie dans les rues ou les bureaux de Tallin, la capitale estonienne. Grâce à ses quatre « licornes » (Skype, Taxify, Playtech, Transferwise) et l’accès à tous les services publics en ligne depuis son ordinateur, le pays balte est devenu, en une vingtaine d’années, une référence en matière d’e-gouvernance et de transformation numérique.

Dans ce pays champion d’Europe du numérique, particuliers et entreprises paient leur taxe en ligne depuis le début des années 2000, possèdent une carte d’identité numérique depuis 2001, utilisent la signature digital depuis 2002, vote en ligne depuis 2005. Et dans ce qui ressemble de plus en plus à un e-État, on peut même résider électroniquement. Le statut d’e-resident créé en 2014 est la dernière avancée de la digitalisation du pays.

Le numérique pour aller plus vite

C’est en 1991, à l’aube de son indépendance et de la dislocation de l’URSS, que l’Estonie prend le virage du numérique. Il fallait se doter d’une administration performante et de services publics de qualité. Il fallait surtout aller très vite pour rattraper le retard sur les autres pays de l’Europe de l’ouest. « On s’est dit qu’on avait rien à perdre. Même s’il y a eu des réticences de la part des autres pays européens », explique à France 24 Katrin Nyman-Metcalf.

Une réelle opportunité pour les quelque 1,3 millions d’Estoniens. « Bien que le pays soit petit, les populations sont assez éloignées les unes des autres. Ce n’était pas possible de donner des services de qualité partout. On a donc misé sur le numérique », confirme Daniel Schaer, diplomate estonien, qui ajoute, pour souligner l’importance de la volonté politique : « Au moment où les autres pays utilisaient encore les ordinateurs Intel-286 dans les années 1990, on utilisait déjà des Pentium. Dans les foyers, tout le monde avait déjà des portables. »

Aujourd’hui, 98 % de la population estonienne dispose d’une identité numérique : plus de 1 500 services sont disponibles en ligne. Cela représente un gain en temps qui permet « d’économiser jusqu’à l’équivalent de 2 % du PIB », affirmait Urve Palo, la ministre estonienne de l’entrepreunariat et du numérique à La Tribune en mars.

L’expertise de l’Estonie dans le numérique est reconnu par tous : Suisse, Australie, Luxembourg, Allemagne, France… Désormais, les têtes de pont de l’Union européenne accourent à Tallin pour rencontrer l’e-government academy et s’inspirer du modèle estonien de l’e-administration.

L’ouverture sur l’Afrique

Mais l’Estonie voit plus loin et veut désormais s’ouvrir au reste du monde. Et plus particulièrement en Afrique, où Tallin exerce une diplomatie de plus en plus active. Le 5 décembre, la présidente Kersti Kaljulaid a entrepris une tournée africaine au Bénin, et au Sénégal, l’étape de l’Algérie ayant été annulée en raison de l’état de santé du président Bouteflika. L’objectif est clair : vendre le savoir-faire du pays. « Il n’y a pas que dans le domaine du numérique que l’on a une expertise. Mais en Afrique, c’est dans ce secteur qu’on a entendu parler de nous. Et il y a un enthousiasme », explique Daniel Schaer.

En Afrique, où l’économie est en pleine croissance, le numérique est perçu comme un véritable levier de développement et un secteur pourvoyeur d’emplois pour la jeunesse. Une aubaine pour ce petit pays de l’Europe de l’est qui se positionne à côté de grandes puissances comme la France, les États-Unis et la Chine déjà présentes. « Beaucoup de nos entreprises ont compris que les marchés en Europe sont saturés et que l’Afrique a beaucoup de potentiel », relève le diplomate.

L’Estonie peut se prévaloir de son histoire pour accompagner les pays dans leur transformation digitale. « Il y a à peine une quinzaine d’années, on était à la même place, affirme Daniel Schaer. Nous sommes prêts à partager notre expérience et à offrir des solutions aux entreprises sur place”.

C’est notamment le cas avec le Bénin, dont le président Patrice Talon a fait de l’économie numérique l’un des axes majeurs de son programme de développement. Un accord a été mis en place sur un projet de smart-gouv, qui prévoit la mise en place d’une plateforme d’interopérabilité de services publics.

Autre projet au Sénégal, qui envisage de créer une grande école de cyber-sécurité à vocation sous-régionale. Un secteur dans lequel l’Estonie est aussi en pointe, puisqu’elle abrite le centre de cyber-défense de l’Otan.

Les pays africains ont-il les moyens d’investir dans l’e-gouvernance ?

Face à cet engouement potentiel, demeurent certains points prioritaires en Afrique, comme la lutte contre la pauvreté, l’accès à l’énergie ou à l’eau potable. Si l’on tient compte aussi du prix très élevé d’accès à Internet et du faible taux d’éducation des populations, on est en droit de se demander si les pays africains ont les moyens d’investir dans l’e-gouvernance ?

Pour lors, en Estonie, la gestion de l’administration numérique mobilise environ 1 000 informaticiens et coûte 65 millions d’euros à l’État. Qu’en serait-il en Afrique ? « Il y a certainement différentes problématiques qu’il ne faut pas perdre de vue. Mais il faut s’adapter en fonction des moyens du pays. Par exemple, on peut commencer par proposer des services aux entreprises pour qu’elles paient leurs impôts. Et développer cette prestation pour les particuliers un peu plus tard », explique Katrin Nyman-Metcalf, directrice de recherche à l’e-government academy.

« Nous cherchons des amis »

Mais derrière ce développement du numérique et cette opportunité économique, l’Estonie cache un autre but. Diplomatique. En 2020, le pays envisage d’entrer au Conseil de sécurité des Nations Unis comme membre non permanent. Avec un dessein bien précis : défendre les questions liées à la transparence des données, et à la cyber-défense qui sont, selon le gouvernement estonien, peu traitées par l’Onu.

En apportant son expertise aux pays africains, Tallin espère bénéficier de leur soutien lorsqu’elle se portera candidate. « Nous cherchons des appuis en Afrique. Mais même si notre candidature ne passe pas, on est sûr de gagner de nouvelles relations. Nous cherchons des amis », commente Daniel Schaer, chargé de rallier le plus grand nombre possible de pays à la candidature estonienne.

Mais le diplomate prend soin de préciser : « En Afrique, il y déjà de grands joueurs, poursuit-il. Nous privilégions donc une diplomatie plus spécialisée avec une expertise plus concrète que l’argent ou l’aide au développement des super-puissances ». Mission accomplie pour le diplomate. L’Estonie a d’ores et déjà gagné le soutien des dirigeants du Bénin et du Sénégal.

France24.com

Written by Fama

Responsable Opérations Banquets Traiteurs/Directeur de la Restauration

Le Terrou-Bi recrute un Responsable Opérations Banquets Traiteurs

développement agricole/Selon une étude du cabinet BearingPoint, l’utilisation d’applications mobiles, notamment, pourrait apporter davantage d’efficacité à l’agriculture africaine. D’ici à 2050, la population africaine sera passée de 1,2 à plus de 2,5 milliards d’habitants. L’enjeu majeur sera de nourrir deux fois plus d’Africains, alors que l’agriculture sur le continent est cinq à six fois moins productive que la moyenne mondiale. Aujourd’hui encore, l’insécurité alimentaire sévit dans de nombreux pays. Mais les solutions apportées par les nouvelles technologies pourraient changer la donne, selon une étude du cabinet Bearing Point intitulée « Le nouvel or vert de l’Afrique ». A l’heure actuelle, la plus grande partie de la nourriture consommée en Afrique provient de 250 millions de petites exploitations familiales disposant de faibles moyens. La filière agricole est tellement peu organisée que 40 à 70 % des récoltes sont jetées, faute de lisibilité de l’offre et de la demande : par exemple, les meuniers n’achètent qu’une partie des productions car ils doutent pouvoir vendre à l’échelon suivant. La plupart des pays africains sont donc contraints d’importer du riz, du maïs ou du blé pour combler ce manque. Ainsi, en Côte d’Ivoire, bien que les riziculteurs produisent l’équivalent de ce que la population consomme, 50 % du riz consommé est importé d’Asie. BearingPoint Une aberration qui pourrait être résolue par la mise en place d’une plateforme numérique, plaide Jean-Michel Huet, associé chargé du développement international et de l’Afrique chez BearingPoint. En réunissant tous les acteurs du secteur, celle-ci, conçue par exemple sous la forme d’une application mobile, encouragerait la circulation de l’information, rassurerait les acheteurs sur les possibilités d’écoulement et permettrait au monde paysan de vendre l’intégralité de sa production. Des revenus multipliés par deux A la clé, les agriculteurs pourraient multiplier par deux leurs rentrées d’argent. En Afrique, ceux-ci gagnent en moyenne entre 800 et 950 euros par an. « Ce doublement permettrait à cette catégorie de la population de passer du groupe des 60 % d’Africains les plus pauvres au début de la classe moyenne », souligne l’associé du cabinet européen. Cette augmentation des revenus autoriserait du même coup l’exploitant à acheter des services supplémentaires qui viendraient accroître sa productivité. La plateforme permettrait également de proposer des biens et des services aux agriculteurs, des produits bancaires aux assurances en passant les intrants agricoles. « Grâce à la plateforme, un assureur a accès à M. Untel, propriétaire de X hectares de riz, et à ses coordonnées. Il lui fait une offre, que M. Untel peut payer par paiement mobile, et il fait sa prospection comme ça », illustre Jean-Michel Huet. BearingPoint Déjà, des modèles sectoriels d’intégration numérique commencent à se mettre en place de façon ponctuelle. Ainsi, au Nigeria, l’ONG Convention on Business Integrity s’est associée avec une banque, en octobre 2018, pour lancer une plateforme numérique à destination des producteurs de maïs. Grâce à l’application mobile SAP Rural Sourcing Management, les acteurs de la filière échangent des informations, de l’agriculteur jusqu’au transformateur. Pour l’instant, 50 000 agriculteurs sont impliqués. « Résultat : ils vendent 100 % de leur production depuis novembre », affirme Jean-Michel Huet. Les plateformes numériques ne sont pas le seul modèle pertinent. Ainsi, le Centre international d’agriculture tropicale (CIAT) a lancé en 2009 un Service d’information des sols africains (AfSIS) dont l’objectif est de dresser une cartographie numérique à l’échelle du continent. Par la combinaison de l’imagerie satellite et de la spectroscopie infrarouge, auxquelles s’est depuis ajouté le drone agricole, l’AfSIS appuie les politiques gouvernementales et aide les ONG à promouvoir les types d’agriculture les plus adaptés aux territoires. Plusieurs obstacles se dressent Mais si quelques pistes s’esquissent, l’alliance entre l’agriculture et le numérique est encore à inventer. « On parle de grosses transformations, cela ne sera pas facile », concède Jean-Michel Huet. Plusieurs obstacles se dressent, comme l’accès à Internet, qui demeure faible en Afrique, ou le taux élevé d’analphabétisme. Malgré ces freins, « de plus en plus d’entreprises privées commencent à investir grâce au bouche-à-oreille », rapporte l’analyste. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Une « révolution verte » en Afrique grâce à la blockchain ? BearingPoint a simulé l’impact des plateformes numériques sur l’ensemble de l’économie africaine d’ici à 2050, selon quatre scénarios. Dans le plus pessimiste, l’effet est marginal : le temps de développement de l’innovation est long, au point que seuls 5 % des petits agriculteurs finissent par l’adopter. Selon le scénario le plus optimiste, peu d’acteurs s’engagent au départ, mais le modèle trouve son rythme en 2030 grâce au bouche-à-oreille, pour finir par toucher 80 % d’agriculteurs en 2050. BearingPoint Le cabinet de conseil estime alors à 350 millions le nombre de petits agriculteurs familiaux qui bénéficieraient d’un revenu de 2 200 euros par an, et à 630 milliards d’euros la contribution de l’agriculture au PIB africain. « Grosso modo, c’est deux fois les revenus du pétrole à euro constant », indique Jean-Michel Huet. L’agriculture Afrique 2050/formation en pilotage de drone

Plus que jamais l’Afrique a besoin de ses jeunes pour moderniser son agriculture