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A Addis Abeba, on s’entasse avec fierté dans le premier tramway d’Afrique subsaharienne

tramway d’Afrique subsaharienne

Construit et financé par des entreprises chinoises, le tramway de la capitale éthiopienne a été mis en service dimanche 20 septembre. Pour beaucoup, ce nouveau moyen de transport urbain est le symbole du renouveau du pays.

Sur le quai, Asmalash se régale. Aujourd’hui, il va monter dans un train pour la première fois. La rame est bondée, il joue des coudes. Un peu plus tôt, le trentenaire, anesthésiste dans un hôpital de la ville, un doigt sur une carte, suivait le trajet que, peut-être, il empruntera tous les matins le long de la ligne 1. Ou de la ligne 2. Il ne sait pas encore, ni comment on passe de l’une à l’autre.

Construit et financé par des entreprises chinoises, le tramway de la capitale éthiopienne a commencé à rouler dimanche 20 septembre. Pour beaucoup, le petit tramway blanc et vert, devenu à force de discours écrits à gros traits le symbole d’une Ethiopie en plein boum, est le symbole du renouveau du pays.

« Je profite d’un jour de congés pour essayer et comparer, dit Asmalash. Le trajet en minibus de chez moi à l’hôpital me coûte 2,5 birrs (0,10 €) et dure trente minutes. » Il lui en coûtera 4 birrs (0,17 €) aujourd’hui, et 6 birrs (0,25 €) s’il veut parcourir les 17 km de voie ferrée de la ligne 2, inaugurée la veille en présence du ministre des transports et du patron de CREC (China Railway Engineering Group Limited), l’entreprise chinoise commissionnée pour construire le premier tramway d’Afrique subsaharienne.

La ligne 1 sera ouverte le mois prochain, avec près d’un an de retard. Le projet a coûté 475 millions de dollars (422 millions d’euros), financés à 85 % par la banque chinoise Exil. Asmalash immortalise l’instant avec son téléphone, à bout de bras au-dessus de la foule. A l’avant, le traminot chinois et sa belle veste bleue reprend sa place dans la cabine qu’il occupera pendant deux ans, avant de passer la main à un collègue éthiopien… formé en Chine.

Les portes se ferment. Une voix métallique annonce, en anglais puis en amharique, le nom de la prochaine station, puis « qu’aucune substance toxique ou explosive n’est autorisée à bord ». En surcharge évidente, le tram glisse lentement à hauteur de toits sur des rails construits à une quinzaine de mètres au-dessus des automobilistes qui se dépêtrent dans les embouteillages de la capitale éthiopienne. Serrés comme des Parisiens aux heures de pointe, les curieux du jour s’amusent, pas peu fiers du regard envieux des piétons.

Fin du fin, la dernière station est souterraine. Le tram plonge sous Piazza que les envahisseurs italiens ont dessinée, bâtie et baptisée il y a près d’un siècle. Il a fallu trois quarts d’heure pour parcourir un peu plus de 6 km. A l’avenir, le trajet devrait se faire plus vite et surtout de façon plus confortable. Promis, il passera un train toutes les six minutes pour véhiculer jusqu’à 60 000 passagers par jour. Pour l’heure, au-dessus, l’endroit grouille de petits vendeurs, de minibus bondés ou d’hommes oisifs aux terrasses des cafés. A trente mètres sous terre, la station pimpante inspire à Melaku, un Ethiopien de la diaspora américaine rentré au pays, des comparaisons flatteuses : « Maintenant Addis Abeba est un peu comme Paris, New York ou Tokyo. On se sent connectés au monde. »

Un guichet aménagé dans un conteneur

C’est l’objectif. A terme, le tramway devrait amener les passagers jusqu’à la future gare centrale, au sud-est de la capitale, d’où ils pourront embarquer dans un train à grande vitesse pour Djibouti, à 752 km au nord-est. L’ambition est même de construire 5 000 km de voies ferrées pour relier le Soudan et le Kenya. Oui, à Addis Abeba, on voit grand et loin. Pour le trajet retour, il faut remonter à la surface, faire la queue une vingtaine de minutes pour acheter son ticket à un guichet aménagé dans un conteneur – « C’est provisoire », souffle un jeune homme – et redescendre s’entasser avec la petite centaine de passagers surexcités, et tellement fiers.

Négussie, ingénieur, attend depuis une heure. « C’est long et avec tout ce monde, c’est dangereux », dit-il. La rame arrive, se remplit dans une cohue inutile puis reprend son chemin en sens inverse. Les passagers ne sont plus serrés, ils sont compactés.

A chaque station, on s’applique collectivement à tester les limites physiques du tram. Négussie ronchonne. Son voisin l’ignore et regarde la pluie tomber sur les toits en tôle. Retour à la station Stadium. Le traminot chinois implore les entêtés, à qui on a tant promis ce train : « Un autre arrive bientôt ! »

lemonde.fr

Written by Abdourahmane

Je suis Diplômé en Aménagement et Gestion Urbaine en Afrique, Spécialiste en économie urbaine en même tant Reporter et Éditeur au Journal Universitaire. Je suis également un passionné des TIC.

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