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Intégration sociale des étudiants maghrébins à l’UCAD : entre clichés et réalités

Le Journal Universitaire, dans le cadre de ses reportages portant sur la vie universitaire, s’est intéressé à la question de l’intégration sociale des étudiants magrébins au sein de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). En effet, cette question mérite d’être abordée vu que les étudiants issus des pays du Maghreb, en l’occurrence la Tunisie, le Maroc et l’Algérie, sont présents à l’UCAD depuis de très longues années. Ces étudiants s’inscrivent en majorité à la faculté de médecine, pharmacie et odontologie où leur nombre est assez conséquent.

Malgré leur longévité au sein de l’espace universitaire, il semble que le brassage entre étudiants maghrébins et leurs camarades sénégalais est loin d’être une réalité. Pour confirmer ou infirmer une telle perception, nous avons interrogé sur le sujet les différents acteurs concernés. Ainsi, des questions ont été posées aux étudiants maghrébins comme sénégalais et à l’amicale des étudiants de la faculté de médecine.

A la question de savoir comment ils apprécient leur intégration sociale à l’UCAD en général et à la faculté de médecine en particulier, des étudiants tunisiens rencontrés ont répondu qu’ils ne se sentent pas intégrés en raison du fait que les étudiants sénégalais qu’ils côtoient parlent d’habitude Wolof au cours de leurs conversations. Ne maîtrisant pas cette langue, ils se sentent mis à l’écart et estiment par ailleurs que les blagues en Wolof des étudiants sénégalais constituent des moqueries à leur égard. De façon évidente, la langue constitue pour ces étudiants maghrébins un frein majeur à l’intégration, d’autant plus qu’une étudiante parmi eux se dit plutôt « bien intégrée car étant née au Sénégal et ayant une bonne maîtrise de la langue de Kocc Barma ».

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Ces mêmes étudiants interrogés sur leurs lieux de fréquentation à l’UCAD, en dehors des cours, ont fait savoir qu’ils passaient la majeure partie de leur temps à la bibliothèque universitaire. Ils ne fréquentent quasiment jamais les restaurants universitaires et les lieux de rencontre tels que les « salles télé ».

A la question relative à leur participation potentielle aux manifestations culturelles organisées par les sénégalais à l’UCAD, les trois tunisiens évoquent des soucis de sécurité qui les dissuadent en général.

Dans le même sillage une marocaine du nom de Rima, en quatrième année de pharmacie, interrogée sur la question affirme qu’elle ne se sentait pas intégrée. A son avis, le problème de l’intégration ne se pose pas uniquement avec les étudiants sénégalais, mais concerne également toutes les  communautés présentes dans l’espace universitaire. Cela est dû selon elle au fait que les étudiants maghrébins ne logent pas souvent au campus social, ce qui réduit par conséquent les opportunités de relations sociales entre ces communautés.

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Par ailleurs, la même question sur l’intégration sociale des maghrébins au sein de l’UCAD a été soumise à des étudiants sénégalais de la faculté de médecine, de pharmacie et d’odontologie. C’est ainsi qu’une étudiante en deuxième année qui a préféré garder l’anonymat a répondu en disant qu’il n’y avait pas d’intégration avec leurs camarades maghrébins. Elle n’a d’ailleurs aucun ami parmi eux.

Les raisons de cet état de fait incombent, d’après elle, aux étudiants maghrébins qui ne font pas suffisamment d’effort pour aller vers les « autres ». Elle évoque à ce propos le fait que les étudiants sénégalais entretiennent des liens d’amitié avec les autres communautés, notamment de l’Afrique subsaharienne. Mais elle reconnaît aussi que la langue Wolof couramment parlée dans l’espace universitaire rend difficile l’intégration sociale des autres nationales. En dépit de la distance sociale qui existe entre les différentes communautés, notre interlocutrice souligne que sur le plan pédagogique, ils arrivent à entretenir des échanges fructueux, notamment dans le cadre de leurs travaux respectifs.

Muhamed Souleymane Hanne, Président de la commission presse et communication de l’amicale de la faculté de médecine, estime pour sa part que le problème de l’intégration sociale des maghrébins ne se pose pas au sein de ladite faculté. Présent au niveau de la faculté de médecine depuis octobre 2010, il affirme avoir constaté une ambiance fraternelle entre la communauté maghrébine et celle sénégalaise. Il évoque dans cet ordre d’idées les liens d’amitié qu’il entretient avec des étudiants originaires du Maghreb et avec qui échange abondamment dans les réseaux sociaux. Selon lui, l’Amicale fait tout pour faciliter l’intégration des différentes communautés, notamment la communauté maghrébine, dans le cadre de ses journées d’intégration qui se tiennent tous les ans.

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Dans la perspective d’un renforcement de cette intégration il pense qu’il y a un effort à faire de la part des étudiants maghrébins notamment par rapport à la langue Wolof utilisée, de façon logique, dans un pays où la majorité de la population ne comprend pas la langue française.

Tout compte, il apparaît à la lumière de ces entretiens que la langue occupe une place prépondérante dans la question de l’intégration et de toutes les incompréhensions qui en découlent entre les différentes communautés qui cohabitent à l’Université. La  plupart des étudiants maghrébins comme sénégalais interrogés identifient la langue comme la barrière principale de leurs relations au sein de l’UCAD. Toutefois, il existe bien des interrogations qui peuvent être formulées en partant du fait que malgré la question linguistique, les étudiants sénégalais arrivent quand même à entretenir des relations sociales très développées avec les étudiants en provenance des pays africains au sud du Sahara.

 

Written by JournalU

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